Il faut être audacieux (et un peu fou) pour quitter un groupe en pleine ascension à l’échelle mondiale. Mais Peter Gabriel n’a jamais rien fait comme les autres. L’artiste, intronisé à deux reprises au Temple de la renommée du rock & roll, n’a pas attendu de laisser Genesis pour cultiver cette indépendance d’esprit. Né en 1950 dans le Surrey, au Royaume-Uni, Gabriel donne le ton à sa carrière dès l’enfance. À neuf ans, il met un terme à ses leçons de piano, excédé par le cadre trop formel de l’enseignement. Il reprend goût à la musique deux ans plus tard en observant attentivement le jeu d’un batteur durant des vacances familiales en Espagne. Dans la foulée, il apprend de manière autodidacte la flûte, le piano et, évidemment, la batterie. Cette façon très libre d’aborder la musique s’incarne à travers Genesis, qu’il cofonde à la fin des années 60. Après plusieurs albums au succès d’estime, la formation lance des offrandes qui vont changer à jamais le paysage du rock progressif et en faire un groupe culte. Gabriel quitte le navire en plein périple pour amorcer une carrière solo qui sera tout aussi fructueuse et étonnante. Après la parution de quatre albums éponymes entre 1977 et 1982, l’artiste pose un jalon important dans l’histoire de la pop des années 80 avec So, sur lequel il explore des sonorités électroniques ingénieuses et des influences musicales issues du Brésil et de l’Afrique. Déjà remarquables dans les années 70, ses propositions scéniques empruntant au théâtre et aux arts visuels cimentent son statut d’artiste mythique au fil des décennies suivantes.