Prenez le chanteur de la formation The Cars, Ric Ocasek : avec son allure de grand échalas et sa voix un peu loufoque, il pourrait avoir l’air d’une idole rockabilly ou rock & roll aussi bien que punk ou new wave. C’est justement ce mélange d’influences qui constitue la recette inimitable du groupe, un des plus populaires dans les années 80. Sa musique marque le passage entre une décennie dominée par les guitares et une nouvelle ère où les synthétiseurs déploient leurs atmosphères vaporeuses. Créant des arrangements parfois recherchés, mais guidés par un désir de ne pas se prendre trop au sérieux, les membres composent des pièces accrocheuses qui passent le test du temps telles que « Drive », « Magic » et « Just What I Needed ». La combinaison de séduction et d’énergie impertinente qui les caractérise éclate sur Heartbeat City (1984), huit ans après la création du groupe à Boston. À travers les chansons pop irrésistibles de cet album, on découvre une recherche de sonorités originales qui rappellent certaines formations d’avant-garde comme The Velvet Underground et Roxy Music. Ouvert à l’expérimentation, le band s’appuie sur le simple « You Might Think » pour en tirer un vidéoclip dont l’imagerie est générée à l’ordinateur. Il s’agit d’une petite révolution à l’époque, au moment où la chaîne MTV prend son envol et s’efforce d’offrir au public des visuels à couper le souffle. Interrompant ses activités en 1988, le quintette est un précurseur du rock alternatif des années 90 : son influence se reconnaît chez Weezer, Hole et No Doubt.