Il suffit de revoir Chuck Berry exécuter sa fameuse marche du canard avec une énergie débordante pour saisir l’ampleur de son talent et sa capacité à galvaniser les foules. Sa façon prodigieuse de se donner en spectacle incarne l’esprit même du rock & roll, en plus d’avoir grandement inspiré des artistes comme Elvis Presley, les Beach Boys, les Rolling Stones et les Beatles. Né en 1926 à St. Louis, Charles Berry apprend très jeune les rudiments du jazz, du blues et du swing à la guitare. Mais c’est son amour du country et du rhythm and blues (celui de Nat King Cole en particulier) qui lui permet de se démarquer, dès le début des années 50, en formule trio. Mélangeant ses influences, il arrive à une percutante mixture d’un tout nouveau genre : le rock & roll, dont il est un des pionniers grâce aux immenses succès « Maybellene » (1955), « Rock and Roll Music » (1957) et, surtout, « Johnny B. Goode » (1958). Mais Chuck Berry ne contribue pas uniquement à la naissance du rock & roll : il participe aussi à l’émergence de la jeunesse. C’est grâce à des artistes comme lui, à la personnalité survoltée, que se créent en Amérique les codes et la culture d’une étape transitoire entre l’enfance et la vie adulte. Avec son attitude très libérée sur scène et ses paroles décontractées, légèrement irrévérencieuses, l’auteur-compositeur-interprète donne aux adolescent·es de son époque le droit de se rebeller contre l’autorité, de faire la fête et de danser.